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 Les Coloniaux ont touché la solde !

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AuteurMessage
ParaTDMParaTDMAdminAdmin
Messages : 616
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Localisation : Haillicourt - Pas de Calais
Les Coloniaux ont touché la solde ! Vide
MessageSujet: Les Coloniaux ont touché la solde !   Les Coloniaux ont touché la solde ! Icon_minitime1Jeu 15 Juil - 14:47

Article publié sur Béret Rouge de avril / mai 1959
mais encore d’actualité à l’Amicale en 2009.

Lettre ouverte aux Sous-officiers du
3° Régiment de Parachutistes d’Infanterie de Marine.


Les Coloniaux ont touché la solde !


C’était jadis le signal du départ en goguette, des permissions de la nuit que l’on pose hâtivement au sortir du bureau du comptable ou du trésorier ; c’était, en tenue numéro un, la bousculade vers les quartiers populeux où chacun trouvait ce qu’il cherchait; c’était la providence des gargotiers et des limonadiers, le Sésame ouvre-toi des maisons closes à jamais ; en bref, c’était la détente mensuelle, l’allégresse, le gaspillage souvent inconsidéré, mais aussi la générosité impulsive des jours de liesse.
Des traditions ? Certes ! Pas toujours très louables il est vrai, mais traditions tout de même. Elles survivent encore de nos jours, et l’on voit jeter par les fenêtres bien des soldes spécialement dégressives et des prêts pas toujours très francs.

La générosité, elle, n’est plus de mise ; c’est pourquoi l’on voit des coloniaux distribuer d’une main légère leurs écus à ceux et celles qui font commerce de leurs vins, de leurs tables et de leurs charmes, tandis que d’une autre main cupide, ils retiennent les 700 francs qui suffiraient à les abonner au bulletin de liaison de notre Brigade, accomplissant ainsi un acte généreux. 700 francs, avouez que c’est bon marché pour une Brigade qui nous est si chère ! D’ailleurs, des coloniaux qui regardent à si peu, sont-ils vraiment des coloniaux ?
Je vous laisse le soin d’y répondre.
Puisque me voilà lancé dans la littérature « engagée » (ce qui semble paradoxal pour un sous-officier de carrière), je m’adresserai en particulier à mes camarades du 3° RPIMa.
Nous sommes, vous êtes, du 3° !
C’est un fait. Et c’est un bienfait ! Mais avez-vous songé que ce énième régiment n’est qu’une infime partie d’un ensemble, d’un tout, qui est : la Brigade de Parachutistes d’Outre-Mer ?
Cette Brigade, ce n’est quand même pas un vain mot, ce n’est pas un leurre !
C’est une chose réelle, palpable, promise à un grand avenir dans la mesure où nous autres, qui en sommes la matière (parfois grise, mais toujours vivante) travaillerons pour elle.
Nos Grands Patrons successifs ont dû lutter ferme pour en arriver où nous en sommes.

Un des moyens d’expression le plus négligé et cependant le moins négligeable, c’est ce Bulletin de Liaison « Béret Rouge » dont le Colonel Château voudrait faire un autre « Képi Blanc ».
Il faut l’en louer, certes, mais il faut surtout l’aider. Saisissons l’occasion qui nous est donnée d’avoir, pour une fois, une « liaison » qui ne soit pas dangereuse.
Car, il n’y aura de « Béret Rouge » semblable à « Képi Blanc » que lorsque nous aurons, nous, un « esprit Brigade » comme ils ont, eux, un « esprit Légion » !
Pour qu’un moulin fonctionne, il faut y amener de l’eau.

Si l’on veut que le bulletin soit une affaire qui tourne, c’est à nous de l’alimenter à sa source. C’est le seul moyen pour qu’il soit, et qu’il dure.
ÊTRE et DURER, c’est quand même notre devise à nous, 3° RPIMa !
Aussi, lorsque je regarde le bilan des abonnements par unité, et que j’aperçois en queue de liste, le 3° RPIMa, je ne vous cache «pas que» je me sens mal à l’aise, honteux même.
Le moins que l’on puisse en dire, en termes peu académiques, c’est que Ça la f... mal ! » Convenez-en avec moi.

Il n’est pas dans les traditions du « 3 » d’être ainsi à la traîne.
Et c’est pour que cela cesse, et que l’on ne puisse accuser le gérant de faire pression sur nous, que je m’adresse ouvertement à vous.
A vous, jeunes sergents qui avez tout à attendre de la Brigade !
A vous, vieux sous-officiers qui lui devez tant ! A vous, joyeux drilles et francs paillards qui menez grand tapage derrière le bar du foyer régimentaire !
700 francs, qu’est-ce que cela représente ?
Soixante francs par mois, pas même le prix d’une Kronenburg !

Nous lui devons bien cela à cette bonne Brigade.
Quant à vous, grandes gueules, encore plus infernales que la mienne, vous qui avez le verbe haut et l’éloquence facile, je vous demande bien plus encore.
Vous qui ne tarissez pas d’anecdotes piquantes, de bons mots et de souvenirs savoureux, dites-le, non pas avec des fleurs, mais simplement avec une pointe Bic : que tout le monde, par le truchement de« Béret Rouge » en profite un peu !
Ne me dites surtout pas que vous vous fichez de la Brigade, car vous seriez comme moi bien malheureux s’il vous fallait la quitter, malgré ses défauts et inconvénients innombrables, mais si attachants cependant.
Si j’étais un auteur à la hauteur, je serais déjà convaincu de vous avoir persuadés ; je ne puis, hélas, qu’espérer y parvenir.
Et, pour bien vous montrer que je suis sincère, je joins à cette lettre un chèque de virement de 700 fr. pour un abonnement d’un an.

Qui aime la Brigade me suive !

Sergent-Chef SOLANS Jacques, du 3° RPIMa
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