Nuit du 12 au 13 décembre 1949, 3 bataillons réguliers vietminh, appuyés par les mortiers de 81 et 120, lancent sans succès 6 assauts successifs contre le poste de Pho Lu, en plein coeur de ce pays Thaï que les viets visent depuis 1948.

Après cet échec, fort de 5 bataillons et 3 canons de 75, en rangs serrés derrière leurs drapeaux précédé d'une pluie d'obus, ils renouvellent leur attaque le 8 février 1950.

Les défenseurs tiennent tout en percevant munitions par parachutage et sous couvert des appuis de l'aviation.

Le 11 février, le GC1 du 3° BCCP saute à Lang Yen, à 20 km au sud, pour essayer de dégager Pho Lu.

Le 13, le poste tombe aux mains des viets.

Les parachutistes n'ont pu l'atteindre.

Le Capitaine DUBOIS, commandant le GC, a été tué.

Le GC1, dont le Lieutenant THALMANN a pris le commandement, rejoint finalement Lao Kay le 16 après une longue et épuisante marche de 32 km.
Il y retrouve le PC, le GC3 et les armes lourdes du bataillon qui viennent d'être aérotransportées.

Le 24 février 1950.

A 10 heures :

Les Viets relancent une action avec appui de leurs canons et repartent à l'assaut.
De nouveau, ils échouent à hauteur des barbelés où la garnison du Lieutenant VELLEAT les repoussent encore une fois.

Alors qu'une opération doit normalement se préparer en plusieurs heures, voire plusieurs jours, l'Etat Major prévient le Chef de Bataillon Romain-Desfossés 2 heures avant le départ pour être parachuté sur Nghia-Do.

Le Chef de Bataillon, en plus de son 5° BCCP est renforcé par le 3° BCCP.

Il a 1 heure pour briefer ses hommes qui, rentrés d'opération 5 jours auparavant, sont dispersés dans Hanoï et l'armement en plus de l'habillement sont en réparation.

Le Commandant sait qu'il doit dégager le poste de Nghia-Do mais le point de parachutage n'est pas défini.

A 12 heures :

L'opération est repoussée jusqu'à 14 heures.

Pendant ce temps, le briefing se déroule "sous les ailes" au terrain d'embarquement de Bach-Mai.

A 14 heures :

Pas de décision !

On attend le retour d'un nouvel avion de reconnaissance.

Les parachutistes finissent par embarquer ; les officiers étant toujours réunis pour décider des DZ.

A 14 h 30 :

L'avion de reconnaissance fait savoir que le plafond s'est un peu levé et que le poste est entièrement détruit.

Des panneaux "demandes de vives et de munitions" sont visibles mais il ne reste plus signe de vie.

Toutes les crêtes aux alentours sont tenues par les Viets.

Le Commandant prend la décision : le saut se fera sur le terrain de Morane de Nghia-Do, pratiquement sur le poste même.

Il embarque dans l'avion leader et demande quelques instants pour donner ses ordres aux chefs de stick. Les aviateurs refusent. Il faut sauter de nuit.

Il aperçoit le Capitaine Nguyen Van Vy, commandant la 3° Compagnie Indochinoise Parachutiste du 3° BCCP. Celui-ci ne participe pas à l'opération mais est venu le saluer.

Le Chef de Bataillon charge le Cne de donner les ordres en courant d'avion en avion à chaque chef de stick :
"Abandon des parachutes dès l'arrivée au sol puis attaquer immédiatement les crêtes qui se trouvent sur le côté opposé à la rivière bordant Morane".

Le décollage s'effectue par cadence de 3 avions tous les 1/4 d'heure, avec largage en 2 passages dans l'ordre suivant : GC1, PC du bataillon, GC2 et GC3 du 3° BCCP.

A 15 heures :

Les 3 premiers JU52 décollent.
Le temps n'a guère changer, les nuages toujours aussi abondant.
Les pilotes se repèrent que grâce à de rares éclaircies.
Les avions ne volent plus en formation. Plusieurs sont perdus.
Le signal d'accrocher retentit dans l'avion leader.
Les paras se préparent à sauter quand soudain le Commandant se rend compte qu'il se trouve au dessus du poste de Pa-Kha et non celui de Nghia-Do.
Il n'a que le temps de suspendre le saut et de prévenir le pilote.
Finalement, les avions parviennent au-dessus de la DZ mais dans un tout autre ordre initialement donné.

A 16 h 10 :

Les assiégés du poste voient descendre les premiers paras.
Le largage durera 2 heures.
2 heures durant lesquelles les pilotes larguent comme ils le peuvent en profitant des trouées.
Juste au début du parachutage, les viets sont mitraillés par 2 avions de chasse.

Ceux-ci reprennent et tirent sur les paras et les avions.

A 18 heures :

Le largage est terminé.

38 hommes ont été largués hors DZ, dans des arbres ou la rivière toute proche.

Les paras se rendent rapidement maître de la situation.

Les viets se retrouvent entre 2 feux.

La nuit tombante :

Les viets ont reculé mais n'ont pas décroché.

Ils laissent près de 300 hommes.

Le Médecin-Lieutenant MIRTIN et l'Assistante Sociale Geneviève GRALL donnent les premiers soins aux blessés.
Il y a 1/3 des survivants. De part leur fatigue, ils sont incapables de répondre aux questions des parachutistes, ce qui permettra aux viets de retirer leurs pièces lourdes.

Le lendemain (25 février 1950) :

Les viets attaquent de nouveau, mais cette fois ci depuis l'autre côté de la rivière.

Les groupes des Lieutenants LEROY (GC2 du 3) et FLORENTIN (GC3) la traversent sous le feu et parviennent à les repousser dans la forêt.

Armé d'un fusil à lunette, le Lieutenant LEROY, abat à 150 m, les servants de 2 mitrailleuses mais ne peut pas atteindre les pièces que les viets récupèrent.

A 16 heures :

L'ennemi décroche.

Tout le terrain est contrôlé par nos troupes.

Le poste étant dégagé, les parachutistes vont s'employer à nettoyer les environs.

Dans le même temps, ils préparent l'évacuation définitive de Nghia-Do.

Le 10 mars 1950 :

La colonne se met en route pour Pa-Kha.

Il lui faudra 2 jours pour parcourir les 50 kms.